La shar'ia permet d'élever des lieux de culte par dessus les tombes ???
Shaykh Ferkous qu'Allah le préserve!
Louange à Allah, Maître des Mondes ; et paix et salut sur celui qu’Allah a envoyé en miséricorde pour le monde entier, ainsi que sur sa Famille, ses Compagnons et ses Frères jusqu’au Jour de la Résurrection. Cela dit :
En une époque où la glorification des tombes et des tombeaux et la construction des mosquées sur eux sont légions, et l’accomplissement de la prière près d’eux est considéré comme recommandé, Dâr El-Iftâ' El-Misriyya a pris sur soi d’appuyer cette croyance par une ambiguïté de la sourate El-Kahf (La Caverne) dans laquelle Allah a سبحانه وتعالى dit :
Traduction du sens du verset :
﴾…et déclarèrent-ils : «Construisez sur eux un édifice. Leur Seigneur les connaît mieux». Mais ceux qui l’emportèrent [dans la discussion] dirent : «Elevons sur eux un lieu de culte»﴿ [El-Kahf (La Caverne) : 21].
L’Institution en question a dit ce qui suit :
• L’énoncé de l’ambiguïté :
«La déduction faite du verset fait allusion aux Gens de la Caverne. Quand on les trouva, certains dirent : «Construisons sur eux un édifice». D’autres dirent : «Élevons sur eux un lieu de culte».Ainsi, le contexte indique que le premier propos est celui des polythéistes, et le deuxième propos est celui des monothéistes. De même, le verset a exposé les deux propos sans réprobation ; et si ces propos contenaient une fausseté, il aurait convenu d’y faire allusion et d’indiquer leur fausseté par un quelconque indice. Puisque le verset a constaté les deux propos, donc la Charia les autorise. Bien plus, le verset a exposé le propos des monothéistes dans un contexte indiquant l’éloge ; la preuve en est la confrontation de ce propos à celui des polythéistes, qui est plein de doute. Néanmoins, le propos des monothéistes a été décisif :﴿لَنَتَّخِذَنَّ﴾.
Le sens du verset :﴾ «Elevons…»﴿En effet, ce propos-là émanait d’une vision fondée sur la [bonne] foi ; pour eux, ce qui est requis n’est pas le simple fait de construire [un édifice], mais plutôt d’en faire un lieu de culte.Ce propos indique que ces gens-là connaissaient Allah et reconnaissaient l’adoration et la prière.Er-Râzi a interprété le verset suivant :﴿لَنَتَّخِذَنَّ عَلَيْهِمْ مَسْجِدًا﴾Le sens du verset :﴾«Elevons sur eux un lieu de culte»﴿comme suit : «Nous y adorons Allah et nous pérennisons les traces des Gens de la Caverne grâce à ce lieu de culte» [Voir : «Tafsîr Er-Râzi» (11/106)].Ech-Chawkâni a dit aussi : «La mention de l’établissement d’un lieu de culte sous-entend que ceux qui l’emportèrent [dans la discussion] étaient des musulmans. On disait aussi : «Ce sont ceux qui détenaient le pouvoir et les rois d’alors parmi le peuple en question, car c’est eux qui l’emportèrent sur les autres. Certes, [le propos] le plus juste est le premier». [Voir : «Fat’h El-Qadîr» en interprétation [du Coran] par Ech-Chawkâni (3/277)].Ez-Zadjâdji a dit également : «Ceci prouve que lorsqu’on les avait découverts, les croyants en le jour de la résurrection l’emportèrent [sur les non-croyants], car les lieux de cultes appartiennent aux croyants».Ceci est ce qui est mentionné dans le Livre d’Allah quant à la construction des mosquées sur les tombes»
• Répondre à l’ambiguïté :
Après avoir rapporté lesdits propos, je dirai – en demandant à Allah de m’accorder réussite et pertinence – ce qui suit :
Il n’y a pas une indication dans ledit verset qu’il est permis de faire la prière dans une mosquée abritant une tombe de l’un des Prophètes عليهم السلام ou de l’une des pieuses personnes ; sans parler du fait que la prière y soit recommandée, car ce verset indique seulement que ceux qui élevèrent des lieux de culte sur les tombes de ces personnes pieuses étaient parmi les chrétiens que le Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم a maudits, comme mentionné par plusieurs interprétateurs du Coran. En effet, le Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم a exprimé son désaveu vis-à-vis de cet acte qui relève des habitudes des juifs et des chrétiens dans quatorze hadiths. Parmi ces hadiths, nous citons ce qui suit :
• `Â'icha رضي الله عنها a rapporté que le Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم a dit :
«Qu’Allah maudisse les juifs et les chrétiens qui prennent les tombes de leurs Prophètes comme lieux de prière». `Â'icha poursuivit : «Sans cela, on aurait pu bâtir sa tombe sur une place éminente, mais on craignait qu’on la prendrait comme lieu de prière après sa mort»(1).
• `Â'icha et Ibn `Abbâs رضي الله عنهم ont rapporté aussi que :
Lorsque la mort vint au Prophète, il se mit à couvrir son visage. Quand il se sentit étouffé, il éloigna le couvert de son visage ; et dans cette posture, il dit : «Qu’Allah maudisse les juifs et les chrétiens qui prennent les tombes de leurs Prophètes comme lieux de prière» ; [il a dit cela] pour mettre les musulmans en garde contre cet acte(2).
• Djoundoub Ibn `Abd Allâh El-Badjali a rapporté qu’il a entendu le Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم dire avant sa mort de cinq [jours] :
«…certes, ceux qui vous ont précédés prenaient les tombes de leurs Prophètes et pieuses personnes comme lieux de prière ; ne prenez point les tombes comme lieux de prière ; je vous interdis, certes, de faire cela»(3).
• `Â'icha رضي الله عنها a dit également :
«Lorsque le Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم tomba malade, certaines de ses épouses ont mentionné une église qu’elles ont vue en Abyssinie dite Mâriya ; Oum Salama et Oum Habîba رضي الله عنهما se rendirent déjà en Abyssinie et elles décrivirent sa beauté et les représentations figurées qu’elle contenait. Le Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم a dit : «Ces gens-là, lorsque des personnes pieuses d’entre elles mouraient, ils bâtissaient sur leurs tombes des lieux de culte et y disposaient images et statues. Ces gens-là sont les pires créatures pour Allah le Jour Dernier»(4).
El-Qortobi -رحمه الله- a dit :
«Nos savants ont dit : ceux qui vivaient avant eux ont fait cela pour se soulager en voyant ces représentations figurées et se rappeler la piété de leurs prédécesseurs. Ainsi, ils s’efforçaient d’accomplir les bonnes œuvres et d’adorer Allah سبحانه وتعالى près de leurs tombes ; ceci a duré bien longtemps. Mais, les générations qui sont venues après eux méconnaissaient l’objectif de leurs pratiques. Satan leur a chuchoté en disant que leurs pères et aïeuls adoraient ces représentations. Par conséquent, ils les ont adorées.Pour cette raison, le Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم a mis les musulmans en garde contre cela ; il a insisté à réprouver et à réprimander ceux qui agissent ainsi, et il a coupé la voie à ce qui pourrait conduire à cela ; il a dit : «Le courroux d’Allah s’intensifie à l’égard des gens qui prennent les tombes de leurs Prophètes et pieuses personnes comme lieux de prière»(5).
Ibn Radjab -رحمه الله- a dit :
«Ce hadith prouve qu’il est interdit de construire des lieux de prière sur les tombes des pieuses personnes et de représenter leurs figures dans ces lieux comme les chrétiens avaient l’habitude de le faire. Sans doute, les deux sont interdits : la représentation des figures des humains est interdite et l’élévation de mosquées sur les tombes est aussi interdite, comme stipulé par les textes dont je vais mentionner certains…»(6).
El-Aloûssi -رحمه الله- a dit :
««Ceci dit, certains ont utilisé ce verset comme preuve pour dire qu’il est permis d’élever des lieux de culte et des mosquées sur les tombes des pieuses personnes et d’y accomplir la prière. Parmi eux Ech-Chihâb El-Khafâdji, qui l’a mentionné dans ses commentaires sur le livre d’El-Baydhâwi. Ce propos est complètement vain et erroné, car Ahmad, Abou Dâwoûd, Et-Tirmidhi, En-Nassâ'i et Ibn Mâdjah ont rapporté qu’Ibn `Abbâs a dit : Le Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم a dit : «Qu’Allah maudisse les femmes qui visitent les tombes et ceux qui y élèvent des lieux de prière et y allument des lampes»(7)… ainsi que d’autres traditions et récits authentiques et clairs.
Ibn Hadjar a mentionné dans son œuvre «Ez-Zawâdjir»(8) ce qui suit : Certains Shâfi`ites ont compté la transformation des tombes en lieux de prière, l’accomplissement de la prière auprès d’elles, la circumambulation autour d’elles, le fait de les embrasser et de frotter ses mains contre elles et autres… parmi les péchés majeurs»(9).
Je dis :
l’interdiction de cela n’est pas seulement l’avis rapporté des Shâfi`ites, mais il est l’avis de toutes les Écoles jurisprudentielles :
Nous pouvons citer ce qui a été rapporté par El-Qortobi -رحمه الله-, qui est Malikite, quand il a évoqué le hadith rapporté par `Â'icha رضي الله عنها.
Il a dit :
«Nos savants ont dit : ceci (le hadith rapporté par `Â'icha رضي الله عنها) interdit aux musulmans de prendre les tombes des Prophètes et des savants comme lieux de prière»(10).
Ibn Qoudâma -رحمه الله-, qui est Hanbalite, a dit :
«Vu ce hadith, il est interdit d’élever des mosquées sur les tombes. De plus, le Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم a dit : «Qu’Allah maudisse les juifs qui prennent les tombes de leurs Prophètes comme lieux de prière» ; [il a dit cela] pour mettre les musulmans en garde contre cet acte… aussi, faire la prière spécifiquement près des tombes ressemble au fait de glorifier les idoles en se prosternant pour eux et en se rapprochant d’eux. En effet, il nous est rapporté que l’adoration des idoles a commencé par la glorification des morts, en représentant leurs figures, en les frôlant avec les mains et en accomplissant la prière près d’elles(11).
Ez-Zayla`i -رحمه الله-, qui est Hanafite, a dit :
«Il est détestable de construire [quoi que ce soit] sur une tombe ; il est détestable de s’asseoir, de se coucher sur une tombe ou de fouler le dessus. Il est interdit de faire ses besoins sur une tombe…ou d’accomplir la prière vers les tombes ou entre elles…le Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم a interdit de transformer les tombes en lieux de prière»(12).
Ainsi, la majorité des Écoles ont clairement interdit d’élever des mosquées sur les tombes, et cela conformément à la Sounna authentique et claire ; et ce, sans divergence entre les Imams connus.
Ibn Taymia -رحمه الله- a dit :
«Il est interdit d’allumer des lampes sur les tombes, de les élever ou de construire des mosquées sur elles. Ces mosquées [qui sont postérieures aux tombes] doivent être démolies. Et selon mes connaissances, il n’y a pas de divergence entre les savants éminents sur ce sujet»(13).
Ceci dit, même s’il est rapporté que certains savants qualifient la construction des mosquées sur les tombes de «Détestable», ceci doit être conçu comme une «Détestation indiquant l’interdiction», car nous devons avoir de bonnes intentions vis-à-vis des savants, de peur qu’on pense qu’ils autorisent un interdit dont le Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم a maudit l’auteur de façon Moutawâtir(14) et a insisté à réprouver et à mettre les musulmans en garde contre cet acte(15).
En somme, il y a deux tentations qui se sont réunies en ce qui concerne la transformation des tombes en lieux de prière et à cause desquelles l’égarement et la déviation en croyance se sont produits :
Premièrement : la tentation des tombes, qui est la plus dangereuse parmi les deux. Cette tentation est due à une glorification inventée des tombes par ces gens-là ; ce qui les a conduits au Chirk.
Deuxièmement : la tentation des statues et des images, qui sont conçues à l’origine pour la commémoration et pour servir d’exemple. Mais plus tard, les gens ont méconnu [le but de cette pratique] et ils ont adoré ces statues et images.
De ce fait, les juifs et les chrétiens construisaient des lieux de culte sur les tombes de leurs Prophètes et pieuses personnes. Cependant, plusieurs hadiths authentiques et clairs ont été rapportés de façon Moutawâtir(16) où le Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم a mis les musulmans en garde et a insisté de mettre sa nation en garde contre cela en diverses occasions ; même au moment où il était sur le point de mourir.
Ibn El-Qayyim a dit :
«En somme, celui qui connaît le Chirk, ses causes, ce qui pourrait y conduire et ce que le Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم vise [à travers ses propos et actes] aura une ferme conviction que cette insistance à maudire et à interdire en utilisant les deux formes suivantes : «Ne faites pas cela» et «Je vous interdis, certes, de faire cela» n’est pas due à la souillure [physique], mais elle est due à la souillure [morale] qui est le Chirk qui atteindrait celui qui lui désobéit, commet les interdits, suit ses passions, ne craint pas son Seigneur et manque à réaliser [l’attestation de foi] : Lâ Ilâha Illa Allâh (il n’y a de divinité digne d’adoration qu’Allah) ou ne s’applique pas à la réaliser. Ces dires et autres, émis par le Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم, ont pour objectif de préserver le Tawhîd, de peur qu’il soit taché ou anéanti par le Chirk. C’est aussi une manière de le purifier et de se mettre en colère contre ceux qui adorent d’autres divinités qu’Allah سبحانه وتعالى. Mais les polythéistes s’obstinent à lui désobéir et à commettre ce qu’il a interdit. Le Diable les a séduits en disant : «Ceci est une glorification des cheikhs et des pieuses personnes ; et à chaque fois que vous les glorifiez davantage et vous éprouvez une exagération à leur égard, vous serez plus heureux d’être près d’eux et vous serez loin de leurs ennemis».Par Allah, c’est de cette même manière que les adorateurs de Yaghoûth, Ya`oûq et Nasr ont été trompés, et c’est de cette façon que les adorateurs des idoles ont été trompés depuis leur existence, et cela persistera jusqu’au Jour de la Résurrection. Ainsi, les polythéistes ont, à la fois, éprouvé une exagération vis-à-vis d’eux [en les adorant] et ont diffamé leur voie. Cependant, Allah a guidé les gens du Tawhîd à suivre leur voie, à leur attribuer les statuts qu’Allah leur a donnés : en les considérant comme des êtres humains, et en niant les attributs divins en eux. En effet, ceci représente une extrême obéissance et une parfaite glorification de leurs personnes»(17).
Et même si nous supposons que ceux qui l’emportèrent [dans la discussion] – dans le verset en question – n’étaient pas des chrétiens, nous ne pouvons admettre qu’ils étaient des croyants. Ils étaient plutôt les rois et les dirigeants [d’alors], comme mentionné par Ibn Radjab, Ibn Kathîr, El-Aloûssi et autres(18) ; ils étaient des polythéistes et des pervers, car le mot «Elevons…» convient aux gens de l’oppression et de la domination parmi les rois et les dirigeants ; contrairement à la requête du premier groupe qui s’exprima en disant : «Construisez». Aussi, les dirigeants s’attribuent ce genre d’acte, et «Ceux qui l’emportèrent [dans la discussion]» fait allusion à eux, et le sens du fait de l’emporter est que lorsqu’ils voulaient faire quelque chose, il ne serait pas difficile pour eux de le réaliser et personne ne pourrait les empêcher,
comme Allah جلَّ جلاله a dit :
Traduction du sens du verset :﴾Et Allah est Souverain en Son Commandement﴿ [Yoûssouf (Joseph) : 21].
Ibn Radjab -رحمه الله- a dit :
«Il a considéré le fait de prendre les tombes pour des lieux de prière comme faisant partie des actes que font ceux qui sont dominants. Ceci sous-entend que cet acte s’appuie sur l’assujettissement, la domination et la passion, et qu’il ne s’agit point d’un acte que les gens du savoir, de la vertu et ceux qui suivent la bonne voie qu’Allah a instituée à Ses Prophètes pourraient accomplir»(19).
Je dis :
nous ne trouvons pas, dans ledit verset, une approbation pour cet acte. Le verset contient plutôt une réprobation, car quand nous voulons réfuter les propos des mécréants ou des pervers, il suffit de rapporter leurs dires ; et il est connu – en fondements de la jurisprudence musulmane – que parmi les conditions de l’approbation est que l’acte [ou le propos] approuvé ne soit pas émané d’un mécréant ou d’un pervers ; s’il provient d’eux, il ne devra pas être pris en considération, vu qu’il est forcément connu que le Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم a réprouvé les actes des mécréants et des pervers.
Et parmi aussi les conditions de l’approbation est que la Charia ne se soit pas prononcée sur le jugement relatif à l’acte [ou au propos] de sorte que la réprobation ne soit plus obligatoire. Dans ce cas, Allah جلَّ جلاله a maudit les juifs et les chrétiens à travers les propos de Son Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم ; donc, quelle réprobation plus manifeste que celle-là ?
Et même si nous admettons – hypothétiquement – que les gens en question étaient des musulmans, nous ne reconnaissons pas que leur acte est religieusement louable et juste, et il était fait conformément à la législation d’un quelconque Messager.
Ibn Kathîr -رحمه الله- a dit, après avoir rapporté les deux propos d’après Ibn Djarîr, ce qui suit :
«Apparemment, ceux qui ont émis le propos en question sont les gens qui détenaient le pouvoir et l’influence. Mais ces gens-là, sont-ils dignes de louanges ou de blâmes ? Ceci est discutable, car le Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم a dit : «Qu’Allah maudisse les juifs et les chrétiens qui prennent les tombes de leurs Prophètes et pieuses personnes comme lieux de prière» ; [il a dit cela] pour mettre les musulmans en garde contre cet acte. En effet, il nous est rapporté que quand on trouva la tombe de Daniel, en Irak, à l’époque de `Omar Ibn El-Khattâb رضي الله عنه, le Commandant des Croyants, il ordonna de la dissimuler des gens et que le livre trouvé dans le lieu où il était soit enterré ; ce livre contenait quelques récits sur les grandes batailles et autres»(20).
Et même si nous supposons qu’ils étaient des gens de foi et de piété et que leur acte est louable vu leur attachement à la législation d’un Prophète, nous pouvons répondre à ce propos de deux façons :
La première façon : le sens du verset n’implique pas qu’il est permis de construire une mosquée sur une tombe, car il est établi – en fondements de la jurisprudence – que : «La législation de ceux qui nous ont précédés n’est pas une législation pour nous». Donc, il n’est pas permis de recourir à la législation de l’un des Prophètes qui nous ont précédés,
car Allah dit :
Traduction du sens du verset :﴾A chacun de vous Nous avons assigné une législation et un plan à suivre﴿ [El-Mâ'ida (La Table Servie) : 48].
Le Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم a dit aussi :
«On m’a accordé cinq [faveurs] qu’aucun avant moi n’a reçues» ; parmi ces cinq faveurs, il a cité : «Tout autre Prophète a été envoyé à son propre peuple, tandis que moi je suis envoyé à toute l’humanité (littéralement à tout rouge et noir)»(21).
Ceci indique qu’Allah ne nous a pas envoyé un Prophète mis à part Mohammed صلَّى الله عليه وسلَّم, alors que les autres Prophètes ont été envoyés uniquement à leurs peuples.
La deuxième façon : également, même si nous supposons que la législation de ceux qui nous ont précédés est une législation pour nous, ceci est conditionné par le fait qu’il n y’ait pas dans notre Charia ce qui la contredit ou l’annule ; s’il y a dans notre Charia ce qui l’abroge, elle ne constituera aucunement une législation pour nous ; ceci fait l’unanimité [des savants] ;
cela est comme les fardeaux et les jougs qui étaient sur les nations passées qu’Allah سبحانه وتعالى a citées en disant :
Traduction du sens du verset :﴾…et leur ôte le fardeau et les jougs qui étaient sur eux﴿ [El-A`râf : 157].
Ainsi, plusieurs hadiths rapportés de façon Moutawâtir(22) ont abrogé ce jugement et ont interdit et insisté d’interdire la construction des mosquées sur les tombes.
Ibn Taymia -رحمه الله- a dit :
«Allah سبحانه وتعالى a relaté la prosternation des frères de Yoûssouf (Joseph) et ses parents pour lui. Aussi, il a parlé des gens qui l’emportèrent [dans la discussion] face aux Gens de la Caverne et a dit :﴾ «Elevons sur eux un sanctuaire»﴿ Mais nous, il nous est interdit de construire des mosquées sur les tombes»(23).
Ibn Kathîr -رحمه الله- a dit :
«Ceci était connu à l’époque des gens qui avaient vécu avant nous. Mais dans notre Charia, il a été rapporté dans les deux «Sahîh» (Recueils de hadiths authentiques d’El-Boukhâri et de Mouslim) que le Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم a dit : «Qu’Allah maudisse les juifs et les chrétiens qui prennent les tombes de leurs Prophètes comme lieux de prière» ; [il a dit cela] pour mettre les musulmans en garde contre cet acte»(24).
El-Aloûssi -رحمه الله- a dit :
«Nous croyons que la législation de ceux qui nous ont précédés est aussi une législation que nous devons observer, mais pas d’une manière absolue ; ainsi, [nous devons l’observer] si Allah سبحانه وتعالى la mentionne sans réprobation. De même, la réprobation du Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم est comme la réprobation d’Allah سبحانه وتعالى. Et vous vous rendez compte, certes, que le Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم a maudit ceux qui construisent des lieux de cultes sur les tombes, sachant que le fait de considérer les actes susmentionnés comme étant légaux dans les législations précédentes n’est pas admis. En effet, comment se fait-il que la construction des lieux de prière sur les tombes soit instituée par les législations passées alors que vous avez entendu que les juifs et les chrétiens ont été maudits pour avoir pris les tombes de leurs Prophètes comme lieux de prière ? De plus, ce verset n’est point pareil aux versets cités dessus, qui sont utilisés par les Imams comme arguments. En effet, le verset en question relate seulement le propos et la détermination d’un groupe de gens à élever un lieu de culte. Cependant, son contexte n’indique aucunement une approbation ou une exhortation à suivre leurs pas. Donc, une fois qu’on s’est assuré qu’il n’y avait pas un Prophète parmi eux, leur acte – et à plus forte raison leur détermination – n’indique point que ce qu’ils voulaient faire est permis.Ce qui fragilise davantage leur crédibilité est que certains ont dit que les auteurs en question étaient les gouvernants et les dirigeants, comme Qatâda l’a dit»(25).
En somme :
si la construction de lieux de prière sur les tombes compte parmi les pratiques des chrétiens instituées par leur religion, l’Islam l’abroge vu les textes et les traditions authentiques et clairs rapportés à ce sujet ; et si elle est une hérésie qu’ils ont inventée, nous devrons absolument l’abandonner, car : «Toute hérésie constitue un égarement, et tout égarement conduit à l’enfer»(26).
Par ailleurs, nous ne devons pas utiliser ledit verset comme argument sans nous conformer aux hadiths authentiques ; en se limitant, ainsi, au Coran et en se passant de la Sounna purifiée ; car ceci est l’apanage des gens des passions et des innovations.
En effet, les gens de la vérité croient aux deux sources de la révélation [le Coran et la Sounna], savent que l’obéissance au Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم fait partie de l’obéissance à Allah سبحانه وتعالى et agissent conformément aux deux sources précédentes.
Allah سبحانه وتعالى a dit :
Traduction du sens du verset :﴾Quiconque obéit au Messager obéit certainement à Allah﴿ [En-Nissâ' (Les Femmes) : 80].
Le Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم a dit :
«Certes, il m’a été révélé le Coran et son équivalent avec lui (la Sounna)»(27). Dans une autre version, il a dit: «Certes, ce que le Messager d’Allah interdit est pareil à ce qu’Allah interdit»(28).
Également, et dans le contexte de l’établissement d’une comparaison concernant celui qui se limite au Coran et se passe de la Sounna,
le cheikh El-Albâni -رحمه الله- a dit :
«L’exemple de celui qui utilise ce verset comme argument [pour justifier la construction des mosquées sur les tombes], en contredisant les hadiths cités dessus, est semblable à celui qui autorise d’ériger des statues et des idoles en recourant au verset où Allah سبحانه وتعالى dit à propos des djinns humiliés travaillant au profit de Soulaymân (Salomon) :
Traduction du sens du verset :﴾Ils exécutaient pour lui ce qu’il voulait : lieux de culte, statues(29), plateaux comme des bassins, et marmites bien ancrées﴿ [Saba' : 13].
Utilise-t-on, alors, ce verset comme argument [pour dire qu’il est permis d’ériger des statues et des idoles] et on contredit ainsi les hadiths authentiques interdisant l’inauguration des statues et des idoles ? Certes, un musulman qui croit aux hadiths du Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم ne peut jamais faire cela»(30).
Notre dernière invocation est qu’Allah, Seigneur des Mondes, soit loué et que prière et salut soient sur notre Prophète, ainsi que sur sa Famille, ses Compagnons et ses Frères jusqu’au Jour de la Résurrection.
Alger, le 16 Mouharram 1430H
correspondant au 13 janvier 2009.
________________________________
(1) Rapporté par El-Boukhâri (1/333), chapitre des «Funérailles», concernant ce qui est rapporté au sujet de la tombe du Prophète, d’Abou Bakr et de `Omar, et Mouslim (1/239), chapitre des «Mosquées et des endroits de la prière», par l’intermédiaire de `Â'icha رضي الله عنها.
(2) Rapporté par El-Boukhâri (1/113), chapitre des «Mosquées», concernant l’accomplissement de la prière dans la synagogue et par Mouslim (1/240), chapitre «Les mosquées et les endroits de la prière» par l’intermédiaire de `Â'icha et d’Ibn `Abbâs رضي الله عنهم.
(3) Rapporté par Mouslim (1/240), chapitre «Les mosquées et les endroits de la prière» par l’intermédiaire de Djoundoub Ibn `Abd Allâh El-Badjali رضي الله عنه.
(4) Rapporté par El-Boukhâri (1/112), chapitre des «Mosquées», concernant l’accomplissement de la prière dans la synagogue et par Mouslim (1/239), chapitre «Les mosquées et les endroits de la prière» par l’intermédiaire de `Â'icha رضي الله عنها.
(5) Voir : «Tafsîr El-Qortobi» (2/85) et (10/380).
(6) Voir : «Fat’h El-Bâri» d’Ibn Radjab (3/197).
(7) Rapporté par Abou Dâwoûd (3/362), chapitre des «Funérailles», concernant la visite des tombes par les femmes, par Et-Tirmidhi (hadith 320), chapitre de «La prière», concernant ce qui est rapporté au sujet de la détestation d’élever un lieu de culte sur une tombe, par En-Nassâ'i (hadith 2043) et par Ahmad (1/229) par l’intermédiaire d’Abou Sâlih d’après Ibn `Abbâs رضي الله عنهما. Néanmoins, ce hadith est jugé faible selon ce contexte. Ibn Radjab El-Hanbali a dit dans son oeuvre «Fat’h El-Bâri» (3/201) : «Mouslim a dit dans le livre «Et-Tafsîl» : «Ce hadith n’est pas authentique, puisque les ulémas ont rejeté les hadiths rapportés par Abou Sâlih Bâdhâm, de plus qu’il n’a jamais rapporté de hadiths par l’intermédiaire d’Ibn `Abbâs رضي الله عنهما». Cependant, il existe d’autres hadiths qui le renforcent par rapport à «La damnation des visiteuses des tombes», tels que le hadith rapporté par Et-Tirmidhi (hadith 1056) et par d’autres : «L’envoyé d’Allah a maudit celles qui visitent fréquemment les tombes». Comme il existe d’autres hadiths qui le renforcent par rapport au fait «D’élever des lieux de culte sur les tombes» et ceci est rapporté du Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم de façon Moutawâtir (une tradition Moutawâtir : est une tradition rapportée par un groupe de narrateurs d’après un autre groupe qu’il est normalement impossible d'arranger un mensonge à son propos). Voir : «El-Irwâ'» (3/212) et «Es-Silsila Edh-Dha`îfa» (1/393) d’El-Albâni.
(8) Voir : «Ez-Zawâdjir» d’El-Haytami (194), chapitre «Les péchés majeurs n° 93, 94, 95, 96, 97 et 98 : le fait d’élever des lieux de culte sur les tombes, d’allumer les lampes sur elles, de les considérer comme des idoles, de faire la circumambulation autour d’elles, de les embrasser et de prier vers elles».
(9) Voir : «Tafsîr El-Aloûssi» (11/196).
(10) Voir : «Tafsîr El-Qortobi» (10/380).
(11) Voir : «El-Moughni» d’Ibn Qoudâma (1/360).
(12) Voir : «Tabyîn El-Haqâ'iq» d’Ez-Zayla`i (1/246).
(13) Voir : «Ikhtiyârât Ibn Taymia» d’El-Ba`li (page 81).
(14) Voir le sens d’un hadith ou d’une tradition Moutawâtir dans la note 7.
(15) Voir le sens religieux du mot «Détestation» dans l’usage coranique dans l’article intitulé Réfutation de l’ambiguïté de Dâr El-Iftâ' El-Misriyya qui consiste à restreindre l’interdiction de prendre la tombe pour un lieu de culte au fait de prier sur elle ou vers elle.
(16) Voir le sens d’un hadith ou d’une tradition Moutawâtir dans la note 7.
(17) Voir : «Ighâthat El-Lahfân» d’Ibn El-Qayyim (1/189).
(18) Voir : «Roûh El-Ma`âni» d’El-Aloûssi (15/236), «Fat’h El-Bâri» d’Ibn Radjab (3/194) et «Tafsîr Ibn Kathîr» (3/78).
(19) Voir : «Fat’h El-Bâri» d’Ibn Radjab (2/397).
(20) Voir : «Tafsîr Ibn Kathîr» (3/78).
(21) Rapporté par Mouslim (1/236), chapitre «Les mosquées et les endroits de la prière» par l’intermédiaire d’Abou Hourayra رضي الله عنه.
(22) Voir le sens d’un hadith ou d’une tradition Moutawâtir dans la note 7.
(23) Voir : «Madjmoû` El-Fatâwa» d’Ibn Taymia (1/300).
(24) Voir : «El-Bidâya Wan-Nihâya» d’Ibn Kathîr (2/116).
(25) Voir : «Roûh El-Ma`âni» d’El-Aloûssi (5/31).
(26) Rapporté par En-Nassâ'i (hadith 1578), chapitre de «La prière des deux Aïds», concernant la façon dont on doit faire le sermon, par l’intermédiaire de Djâbir رضي الله عنه. Ce hadith est jugé authentique par El-Albâni dans «El-Irwâ'» (3/73).
(27) Rapporté par Ahmad (4/130) par l’intermédiaire d’El-Miqdâm Ibn Ma`di Karib رضي الله عنه. Il est rapporté aussi par Abou Dâwoûd, chapitre de «La Sounna», concernant l’agrippement à la Sounna (5/11) comme suit «Certes, il m’a été révélé le Livre et son équivalent avec lui (la Sounna)». Ce hadith est jugé authentique par El-Albâni dans «El-Michkât» (1/57).
(28) Rapporté par Ibn Mâdjah dans ses «Sounane», chapitre de «La glorification des hadiths du Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم et la sévérité envers celui qui s’y oppose» (hadith 12) et par Ahmad (4/132) par l’intermédiaire d’El-Miqdâm Ibn Ma`di Karib رضي الله عنه. Ce hadith est jugé authentique par Ibn Hadjar dans «Mouwâfaqat El-Khoubr El-Khabar» (2/324) et par El-Albâni dans «Sahîh El-Djâmi`» (hadith 8186).
(29) Statues : la fabrication des statues n’était pas interdite dans la législation de Soulaymân (Salomon). Note du traducteur.
(30) Voir : «Tahdhîr Es-Sâdjid» d’El-Albâni (page 83).
________________
copié du site: ferkous.com
A découvrir aussi
- Accomplir sa prière dans une mosquée dans laquelle se trouve une tombe est possible ?
- La prière effectuée dans une mosquée où se trouve un tombeau est valide ?
- Al Masjid al Nabawi est construit sur la tombe du prophète ?
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 5 autres membres